.243

Il y a des questions que l’on ne résout pas mais dont on augmente peu à peu l’opacité.

La mienne, sans cesse remise au feu de l’articulation, des phrases: Que faisons-nous avec les lieux que nous habitons?

.242

Le temps d’un atelier d’écriture, l’espace s’ouvre, se transforme et parfois disparaît. Ne comptent que les mots sur les pages et, en chacun.e, la voix intérieure qui grandit, trouve ses chemins vers l’extérieur.

Le lieu de l’atelier est modeste: une table, quelques chaises et de quoi écrire mais c’est un lieu immense aussi: des mondes entiers existent dans les livres. Il y a des voix, des phrases, des paysages qui aident parfois à tenir debout ou à se faire une place.

Ouvrir, faire découvrir et partager cet espace, j’y tiens (beaucoup) parce que je sais combien les mots, même déposés nonchalamment sur une page, ça transporte et transforme.

Je me souviendrai de ce 22 mai et de ce premier atelier en établissement pénitentiaire pour de très nombreuses raisons mais principalement parce que j’ai de nouveau (et peut-être comme jamais auparavant) ressenti combien l’atelier d’écriture est un espace hautement précieux, puissant et politique.

Ou comment écrire et faire écrire sont pour moi deux gestes étroitement liés.

.241

À la faveur d’un détour et d’un bruissement de lumière, voir surgir l’impermanence du paysage. Tout est autre et tout est identique. Dans les éclaboussures provoquées par ce surgissement, je distingue une énigme: combien de fois faut-il faire le tour d’un lieu pour retrouver une lumière, un contour familier? Est-ce seulement possible?