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(début du texte : .166)

. Islande

C’est le live de l’épure et, en hiver, celui du guet. Le désir de capture exotique est porté à son comble. Immensité bleue, perdue dans la nuit quasi continue, j’attends indéfiniment. La ligne d’horizon, légèrement courbée par la lentille de la caméra, se déplie dans le tiers inférieur de l’image, les deux autres tiers sont noyés de ciel. L’attente est percée par l’apparition de rares phares dans la nuit. Une route. Probablement la campagne. Rivé sur une portion de ciel, le live est concentré sur le monument éphémère à venir. E-tourisme d’apparition, l’aurore boréale est traquée sans relâche dès le début de l’hiver. Les jours sont courts et les nuits en suspens, la caméra pointe vers une portion de ciel, il l’absorbe indéfiniment. Le live requiert de la patience et remplit l’écran d’une nuit sans fin. J’espère, mais dans l’attente tout devient absurde. La nuit, dans sa lenteur, absorbe la frénésie du direct, dissout la transe touristique et la renvoie vers sa vacuité.

À suivre dans le prochain fragment.