.198

Tu regardes fixement le pan de mur qui se trouve devant toi et tu crois y voir les restes d’une tapisserie, probablement un motif fleuri dans des teintes brune, rousse, terre de sienne. Par endroits, tu crois apercevoir des motifs, bien que le papier soit très largement arraché, dévoilant la nudité du mur et ses nuances. Lui aussi à probablement perdu sa couleur d’origine, il devait être blanc peut-être légèrement cassé, désormais il est parsemé d’éclaboussures de toutes les couleurs. La peinture est volatile et la couleur s’agrippe à tout. À les regarder fixement, tu te dis que ces éclaboussures pourraient aussi être de minuscules petites bêtes agglutinées là pour résister à l’hiver qui s’installe au-dehors. Si tu ne te savais pas dans l’atelier, ces éclaboussures te sembleraient sans aucun doute vivantes. Tu fixes le pan de mur et laisse le temps s’écouler. Dans cette focalisation intense, il te semble que les éclaboussures s’animent, certaines se rapprochent, d’autres quittent ton champ de vision. Le fond sur lequel elles se déplacent dévoile ses reliefs. Dans la fixité du regard, les choses prennent vie, deviennent mouvantes.