La lumière du temps me traverse. J’ai trois ans, douze, trente-deux ans et soixante-sept à la fois. Je suis toutes mes cellules rassemblées : vieillissantes, perdues, en formation. Je suis toutes mes cellules et toutes les années du monde à la fois. Mémoire, présence et oracle. Plus rien ne craquèle à l’intérieur. Toutes les brèches ont été colmatées par l’instant et son souffle venu se loger à l’arrière de mes reins. Il n’y a pas de sentiment plus ample. Angoisse et apaisement rassemblés au-dedans comme une peau sur les vertèbres.